INFORMATIONS PRATIQUES ET CONTACTS : Etude Juge & Gerard-Tasset 4, rue Guy Ragnaud 16000 ANGOULÊME Tel : 05.45.92.14.63 Expert de la vente : Jean-Claude DEY Expert honoraire près de la Cour d'Appel de Versailles Ancien Assesseur près la Commission de Conciliation et d'Expertise Douanière Membre du S.F.E.P. Assité d'Arnaud de GOUVION SAINT-CYR Adresse : 8 bis, Rue Schlumberger, 92430 MARNES LA COQUETTE Tel : 01.47.41.65.31 Mail : [email protected] Expositions publiques : - Vendredi 15 Avril 2016 de 10h à 12h et de 14h à 19h. - Dimanche 16 Avril 2016 de 9h à 9h30. Liens utiles : http://www.interencheres.com/fr/meubles-objets-art/belle-vente-mobiliere-ie_v73198.html Johann Jakob SCHILLINGER (1750-1829). Ecole allemande.
«Les officiers de La Légion de Mirabeau » Gouache signée en bas à gauche « Schillinger Pinxit », numéros de légende à la plume au dessus de chaque personnage, annotation à la plume en partie basse et dédicace à son Excellence le Comte de Vioménil, commandant en chef l’avant garde (en grande partie effacée). 45 x 67 cm. Cadre d’époque laqué noir et doré. Légende et historique au dos, à la plume. A.B.E. (Petits frottements, inscriptions en partie effacées). Vers 1792. 4 000/6 000€ De gauche à droite, les personnages sont les suivants : 1/ le marquis d'Aubonne, premier lieutenant des grenadiers commandés par le baron de Corsac. 2/ un volontaire de la compagnie « la Générale » commandée par le capitaine de Blaire. 3/ un maréchal des logis chef de la compagnie des uhlans commandée par le capitaine de Bellerose. 4/ M. le vicomte de Mirabeau en uniforme de chasseurs à pied. 5/ son fils unique, âgé de trois ans, capitaine de « la Générale à cheval. » 6/ M. le comte de Vitré, capitaine cornette, commandant « la Générale à cheval ». 7/ M. Bernard, capitaine aide-major de cavalerie. 8/ M. le marquis de Garigand, lieutenant-colonel, commandant du bataillon des volontaires. 9/ M. le comte Alexandre d'Ollone, colonel commandant de la cavalerie. 10/ un soldat de la compagnie des Voltigeurs ou Enfants perdus. 11/ un maréchal des logis chef des hussards commandés par le capitaine de Gaule. 12/ M. le baron de Kruchy, capitaine commandant les chasseurs à pied. 13/ M. le comte d'Eberstein, capitaine commandant les volontaires à cheval. Provenance : -Offerte au Roi de Prusse en 1792. -Donnée par le Prince d’Hardenberg à M.le Comte Régnant de Pappenheim qui lui en avait fait la demande en faveur du Chevalier d’Aga de la Contrie. -Donnée au Maréchal de Vioménil. -Conservée par la Marquise Perry de Nieül, sa petite nièce par alliance. -Restée dans sa descendance jusqu’aujourd’hui. Œuvres en rapport : Cette magnifique gouache était connue par deux gravures : -La première conservée au Musée de Fribourg, ville dans laquelle est enterré Mirabeau. Elle est d’une composition proche de la nôtre, toutefois le nombre de personnages représenté est moindre (10 contre 13 sur notre composition), certaines attitudes varient également. Il semblerait également qu’on trouve également certains officiers qui ne sont pas reproduits dans notre composition. -La seconde, clairement dérivée de notre gouache, a été reproduite dans les Mémoires de Toustain. On peut d’ailleurs penser qu’il ne s’agit que d’une reproduction en noir et blanc de notre gouache. Historique : On citera l’historique de l’unité marqué à la plume au dos du cadre : « La légion de Mirabeau dont 90 volontaires alsaciens de Colmar ont formé le noyau, était forte de 2500, y compris 600 de cavalerie. M. le comte Roger de Damas, lieutenant général en est devenu propriétaire. Elle a existé depuis le 19 décembre 1790 jusqu’en 1797, où elle a suivi l’armée de Condé en Russie où son infanterie a été incorporé dans le régiment des grenadiers de Bourbon et sa cavalerie dans celui des dragons d’Enghien. » La Légion Noire, dite aussi « Les Mirabeau » groupait près de 3 000 hommes à la mort de son fondateur. Le marquis de la Feronnière la commande; car le fils de Mirabeau ne peut lui succéder car il n’a que quatre ans. Sous les ordres de La Feronnière, la légion prend part brillamment à la campagne de 1793 au prix de lourdes pertes. Le 22 avril 1793, la légion de Mirabeau et le 1er bataillon d'infanterie noble attaquent le général Custine, près de Germersheim. La première vraie bataille a lieu le 17 mai à Rülzheim. Les Autrichiens s'y débandent mais la division des émigrés s'y distingue. La vicomtesse de Mirabeau vend la légion noire de Mirabeau au comte Roger de Damas. Il devient propriétaire et colonel de la légion, à charge pour lui de verser chaque année, pendant 10 ans, 3 000 livres à Victor Claude, fils de Mirabeau lequel parvenu à 23 ans pourra redevenir propriétaire du corps. L’intérêt de cette gouache est également technique : les uniformes de la Légion de Mirabeau reprennent des couleurs. Les études d’uniformologie menées sur la Légion de Mirabeau (voir l’article de Patrice Courcelle cité en bibliographie) citent notre gouache (reproduite en noir et blanc dans les mémoires de Toustain) ou sa variante, la gravure de Fribourg, elle aussi en noir et blanc. Louis de Beaufort utilise les utilise pour la planche 11 du « Grouvel » consacrée à la Légion de Mirabeau. On peut penser qu’il l’a exécuté d’après les règlements puisque la culotte jonquille du Comte d’Eberstein (à l’extrême droite de notre composition), probablement de fantaisie, est bleue sur sa planche. Les couleurs permettent d’encore mieux apprécier les uniformes de l’unité : - Les grenadiers à habit noir, plastron bleu clair et brandebourgs blancs, collet, gilet, culottes bleu clair et épaulettes sur drap écarlate. La coiffure est le bonnet à poil. On remarquera la richesse des uniformes de cavalier, dont deux portent une culotte jonquille et la diversité des coiffures, les mirlitons, bonnets à poils, casques à crinière blanche, confederatka, celle d’astrakan du soldat de la compagnie des enfants perdus, proche du talpack, qui semble à visière. Sur les uniformes, on lira l’étude de Patrice Courcelle dans Traditions et l’ouvrage du Vicomte Grouvel sur les corps émigrés. Sur l’aspect général de ces officiers, on constatera que l’on est loin de l’image que l’on peut se faire de l’officier noble d’ancien régime, les hommes ne sont plus perruqués ni poudrés, ils portent la moustache et parfois la barbe « à la Pandour » (à la Hongroise). Il est amusant de constater qu’un des adversaires de la Légion, Custine, avait lui aussi adopté cette mode. Biographies : André Boniface Louis RIQUETTI vicomte de MIRABEAU (1754-1792) Homme d’esprit et de bravoure (il combat aux Amériques avec Rochambeau), il s’aperçoit vite qu’il vivra dans l’ombre de son frère Honoré-Gabriel Riquetti de Mirabeau. Ardent défenseur de la monarchie à l'Assemblée constituante où il fut envoyé siéger par les nobles de la sénéchaussée de Limoges. Il s'opposa à la réunion des ordres et à l'abolition des privilèges (4 août 1789). Quand il vint lui soumettre un projet de discours, son père le marquis de Mirabeau lui jeta comme une gifle à travers la figure : « Quand on a un frère comme le vôtre aux États Généraux et qu’on est vous, on laisse parler son frère et l’on garde le silence ». Le 4 février 1790, Louis XVI promet de défendre la liberté constitutionnelle. « Mirabeau Tonneau », comme on le surnomme à cause de son goût pour le vin, bondit, rompt son épée et s'exclame : "Puisque le roi renonce à son royaume, un gentilhomme n'a plus besoin d'épée pour le défendre! " En juin, le régiment de Touraine se déclare favorable à la Révolution. Boniface, qui en est le colonel, punit lui-même les coupables et emporte, fixées à sa poitrine, les cravates de leurs drapeaux. Cette extravagante initiative suscite de vives réactions, et le fantasque colonel est appréhendé. Il sera tiré d'affaire grâce à son frère, qui intervient en sa faveur, rappelle l'inviolabilité des députés et obtient, "au nom de la liberté, que le ravisseur de cravates vînt se défendre à la tribune de l'Assemblée." Le 3 septembre, Boniface franchit le Rhin et constitue un corps d'émigrés. Une fois de plus, Gabriel prend sa défense, bien que ces interventions portent fâcheusement atteinte à sa popularité. Mais le tribun provençal mourra, en 1791, sans que les frasque de son frère lui aient vraiment nui. Boniface ne lui survivra pas longtemps ; l'année suivante, il meurt d’une crise d’apoplexie à Fribourg en Brisgau. Son fils Victor Claude Dymas RIQUETTI de MIRABEAU (1789-1831), est agé de 3 ans sur notre gouache. Il perdit son père pendant l'émigration. Il hérita du litre de colonel ; mais étant trop jeune pour commander la légion de son père, il fut remplacé par le marquis de la Féronnière. Au retour de Louis XVIII, il reçut un brevet de colonel de cavalerie. Il épousa en 1817 Éléonore-Louise Danthon, fille d'un chirurgien-major mort en Espagne, et décéda à Vannes en 1831, à l'âge de quarante-deux ans. Bibliographie : -Patrice COURCELLE, « Les officiers de l’infanterie de la Légion Mirabeau », in « TRADITIONS » n°108, mars 1996. -Hugues de BAZOCHES, « Légion de Mirabeau », Société des études révolutionnaires et impériales « SEHRI », disponible en ligne sur le site de la société. - Robert GROUVEL, « Les Corps de troupe de l'émigration française : 1789-1815. », tome 2, p.109 à 133, aimablement communiquée par M. Yves Martin. La planche 11 est clairement inspirée de notre gouache. -«Mémoires du Marquis de Toustain publiées par la Marquise de Perry de Nieül – 1790-1823 », Plon, 1933
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